Esprit des fidèles.
Les gens de Demigny se sont toujours fait remarquer par une certaine indépendance d'idées ; par un naturel susceptible, fier, irascible. Bien que toutes ou presque toutes les familles aient conservé encore quelques pratiques extérieures de la religion catholique, l'immense majorité ne mettent jamais les pieds à l'église après la 1re communion, si ce n'est le jour de leur mariage.
Beaucoup parmi elles sont foncièrement hostiles et cherchent à faire des prosélytes ; un grand nombre d'autres qui semblent seulement indifférentes, par faiblesse, respect humain ou par ignorance s'unissent tous les jours aux ennemis de l'église pour décrier la foi de leur baptême.
On montre du doigt les hommes qui se hasardent de venir à la messe même les jours de grandes fêtes. Même les fidèles pratiquants ne sont pas complètement affranchis de ces sentiments, de ces préjugés qu'entretient la lecture des mauvais journaux. On ne compte pas dix familles qui s'abstiennent de la lecture des mauvais journaux.
Le Dimanche ne se distingue pas des autres jours de la semaine. Rares sont les familles qui ne travaillent pas ce jour-là, non seulement à l'époque des grands travaux, mais presque en tout temps. Aussi, les offices sont peu fréquentés, comme nous l'avons dit plus haut ; si 1'on excepte les enfants, on ne compte pas plus de cent personnes à la messe les Dimanches ordinaires.
Les enfants de Marie, au nombre de trente environ, y compris les aspirantes de douze à quinze ans, sont généralement fidèles à leur communion mensuelle que pratiquent encore deux ou trois mères de famille ; les autres fidèles se contentent généralement de la communion pascale ; quarante à cinquante cependant, sans compter les enfants de Marie, communient encore aux fêtes de Noël, l’Assomption, et la Toussaint.
Les écoles
L'école communale de garçons est tenue par M. Bony, un franc-maçon très sectaire qui profite de toutes les occasions pour attaquer la religion par le sarcasme surtout, il se plait à punir les enfants à 11 heures afin de les empêcher d'assister au catéchisme. Un cours d'arboriculture a lieu tous les dimanches, et il n'est jamais terminé à l'heure de la messe.
Aussi, l'école est déjà un foyer d'anticléricalisme. Un enfant qui continue à aller à la messe après sa première communion est martyrisé par ses camarades qui l'accablent continuellement de leurs quolibets.